Marchés Financiers

17/02/2023 : Le point sur les marchés financiers - février 2023

En janvier, les chiffres économiques ont été meilleurs que prévu à la fois en zone euro et aux Etats-Unis, malgré les craintes de récession qui demeurent. L’économie chinoise a, pour sa part, rebondi suite à la réouverture du pays. Les actions ont connu un bon début d’année tandis que les rendements obligataires des grandes économies avancées se sont repliés.

Zone Euro 

En zone euro, le net recul du prix de gros du gaz naturel a contribué à apaiser, au moins temporairement, les tensions dans certains secteurs et les craintes de crise énergétique. L’indice général d’inflation de la zone euro a par conséquent décéléré en janvier 2023 pour le troisième mois consécutif, à 8,5 %, après 9,2 % en décembre, l’indice sous-jacent conservant toutefois un rythme de progression inchangé à 5,2% (soit le plus élevé depuis la création de l’euro).

Alors qu’il était attendu en légère baisse, le PIB de la région a progressé de 0,1% au T4 (chiffre incluant de légères hausses en France et en Espagne et de légères baisses en Allemag.

ne et en Italie). Les indicateurs PMI1 portant sur janvier ont également surpris à la hausse, les PMI Composite et Services revenant sur des niveaux indiquant une expansion (au-dessus de 50) à 50,2, pour la première fois depuis juillet, alors que le PMI Manufacturier demeure en zone de contraction à 48,8. Enfin, le moral des ménages a poursuivi son amélioration tout en restant à un niveau historiquement très bas. Le taux de chômage demeure historiquement bas à 6,6% en décembre.

 

Etats-Unis :

Aux Etats-Unis, le chiffre de la croissance a surpris positivement au T4 2022 avec une hausse du PIB de +2,9% en rythme annualisé. Du côté des enquêtes, l’indice ISM non-manufacturier de janvier a effacé le plus gros de la rechute du mois précédent (55,2 vs 50,5 attendus et 49,2 en décembre), porté par un rebond important des nouvelles commandes et donc de la demande. De plus, les ventes au détail ont rebondi au mois de janvier (+2,4% en volume en glissement mensuel vs -1,2% en décembre) et ont effacé deux mois consécutifs de baisse, ce qui atteste d’une demande encore résiliente de la part des ménages américains. Ces indicateurs éloignent pour le moment les craintes de récession précédemment anticipées aux Etats-Unis. Les chiffres du marché du travail ont surpris à la hausse et font preuve d’une bonne résilience avec la création de 223 000 nouveaux emplois nets en décembre. La décélération des salaires (en hausse de 4,6% sur 12 mois), pour sa part, a atténué les craintes d’une boucle prix-salaires. Enfin, l’inflation a poursuivi son repli, l’indice général progressant de 6,4% sur 12 mois en janvier (contre 6,5% en décembre), l’indice sous-jacent étant pour sa part à 5,6% (contre 5,7% en décembre). Du côté géopolitique, des tensions sont apparues dans les relations sino-américaines suite à la détection par l’armée US d’objets volants sans autorisation, dont au moins un a été identifié comme appartenant à la Chine. Cet objet était doté d’un dispositif d’espionnage.

 

Chine :

Le PIB est resté stable au 4ème trimestre en glissement séquentiel, aidé par un début de rebond de la consommation en décembre. Le rebond des ventes au détail en décembre, qui passent de -5,9% en glissement annuel en novembre à -1,8%, confirme cette amélioration. L’activité économique de la Chine a commencé à rebondir depuis la première semaine de janvier, après le pic de contamination Covid. La consommation et les voyages pendant le Nouvel An chinois ont fortement augmenté par rapport à il y a un an, grâce à la réouverture. Ainsi, le PMI Caixin des services passe de nouveau en net territoire d’expansion en janvier à 52,9. Les données d’inflation du mois de janvier montrent une légère accélération des hausses de prix à +2,1% en rythme annuel (vs + 1,8% en décembre). Néanmoins, ce niveau reste encore en dessous du seuil de tolérance de la banque centrale et lui offre la possibilité de poursuivre son assouplissement monétaire.

 

RETOUR SUR LES PRINCIPALES CLASSES D’ACTIFS

Banques Centrales :

Sans surprise, la Réserve Fédérale américaine a profité de sa première réunion de politique monétaire de l’année pour augmenter les taux directeurs de 0,25%, les portant à 4,5-4,75%. Jérôme Powell a alors adopté un ton très positif mettant en avant la confiance dans l’atterrissage en douceur de l’économie et la désinflation en place aux Etats-Unis. Surtout, il a jugé que l’assouplissement récent des conditions financières n’était pas problématique. Depuis, il a reconnu que les membres de la Fed ont été surpris par le très fort dynamisme des chiffres de l’emploi de janvier, ce qui confirme surtout selon lui que la lutte contre l’inflation et que son retour vers la cible de 2% prendra du temps, non seulement cette année mais jusqu’en 2024, nécessitant le maintien durable des taux directeurs en territoire restrictif. Au-delà des prochains relèvements de taux déjà anticipés par le marché, le véritable enjeu portera sur la durée de la pause avant l’inversion du cycle monétaire actuel.

La Banque Centrale Européenne lors de son comité de politique monétaire de février a également délivré la hausse anticipée de 0,50%, portant ainsi le taux de rémunération de dépôt à 2,50%. Cependant, malgré cette augmentation et l’intention de relever à nouveau ses taux de 50 points de base lors de la réunion de mars, les investisseurs financiers ont surtout retenu de la conférence, que la BCE semblait moins dans l’urgence de devoir poursuivre fortement et rapidement ses hausses de taux directeurs par la suite. Dans un premier temps, les attentes concernant le resserrement monétaire d’ici à l’été se sont donc dégonflées, jusqu’à ce que d’autres déclarations de membres de la BCE viennent inverser la tendance, en prônant la nécessité d’être ferme face au risque d’une progression de l’inflation sous-jacente. Aujourd’hui le pic de l’€STR est attendu autour de 3,55% en septembre prochain.

 

Taux :

La volatilité demeure bien présente sur les marchés obligataires en ce début d’année où deux tendances se sont dessinées. Dans un premier temps, les rendements se sont orientés à la baisse en lien avec la publication rassurante de données sur l’inflation totale et les réunions des Banques Centrales portant un discours rassurant sur l’équilibre croissance/inflation. Mais la publication des créations d’emplois bien au-delà des anticipations et plus globalement la solidité du marché de l’emploi US a remis en question les attentes du marché. Les prévisions sur les taux directeurs se sont redressées rappelant que le travail des Banques Centrales était loin d’être terminé, entrainant également des tensions sur les marchés obligataires souverains us et européens. L’appétit pour le risque observé depuis le début de l’année, porté par la réouverture de l’économie chinoise et l’éloignement des risques de récession, a bien profité au marché du crédit. En effet, les spreads (supplément de rendement offert par les émetteurs privés) contre swap (référence interbancaire) se sont resserrés pour la plupart des segments avec une surperformance des obligations financières.

Dans nos portefeuilles nous gardons une approche opportuniste et agile sur la sensibilité au taux d’intérêt que nous conservons proche de celle de nos indices de référence avec une vue favorable sur les obligations du Trésor américain tout en restant attentifs sur les chiffres d’inflation et du marché du travail. Sur le marché du crédit, nous continuons à être sélectifs et à privilégier la qualité et la liquidité. Enfin nous avons en ce début d’année initié une exposition sur les obligations émergentes.

 

Actions :

Le rebond des marchés actions démarré en janvier se poursuit ces dernières semaines. Depuis le dernier trimestre 2022, les marchés d’actions sont en effet portés par plusieurs vents favorables :

  • En Europe, la forte baisse des prix de l’énergie alimente un sentiment positif, alors même que l’inflation totale présente désormais une tendance plus favorable pour les consommateurs et les entreprises,
  • Les données économiques ont inscrit de bonnes surprises, avec par exemple des révisions à la hausse sur la croissance de la part des économistes, ou bien plus récemment des données mensuelles de ventes au détail aux Etats-Unis qui se sont révélées plus fortes qu’attendues,
  • La réouverture de l’économie chinoise qui représente un facteur de soutien, en particulier pour les secteurs liés à la consommation discrétionnaire ou aux loisirs,
  • Enfin, les publications des résultats trimestriels des entreprises portant sur le dernier trimestre 2022, démontrent à nouveau une bonne résilience des carnets de commande comme des marges. 

 

Cette dynamique, associée à un positionnement prudent des investisseurs en début d’année a donc conduit à une forte hausse des principaux indice actions. En zone euro, depuis le début de l’année,  l’Euro Stoxx 50 progresse de 13,6%2 et aux Etats-Unis, le S&P500 de +8,19%2 en devise locale. Au plan sectoriel, les valeurs cycliques connaissent de belles performances, en particulier les secteurs des banques, de l’automobile et de la technologie. À l’inverse, les secteurs qui sous-performent sont les secteurs défensifs, à l’image de la santé, ou de l’alimentaire. Les valeurs du secteur de l’énergie connaissent également une pause, après une belle surperformance en 2022, et en lien avec la stabilisation voire la baisse des prix du pétrole et du gaz ce début d’année. Le contexte actuel étant plus favorable qu’attendu il y a encore quelques semaines, nous avons réduit marginalement notre sous-pondération sur les actions de la zone euro, et nous conservons une surpondération sur les marchés émergents. Cependant, nous continuons de penser :

  • Que le consensus est encore trop optimiste quant aux anticipations de croissance des bénéfices des entreprises pour 2023,
  • Et que d’autre part, le marché sous-estime la probabilité que le cycle historique de resserrement des conditions financières entamé par la Fed conduise à un ralentissement économique marqué.

 

Ainsi, nous conservons au global une position sous-pondérée sur les actions.

Nos choix sectoriels se portent en particulier sur les banques de la zone euro qui bénéficient d’un contexte de taux plus favorable et présentent un bon niveau de provisions dans leurs bilans, sur le secteur des assurances européennes qui devraient bénéficier en 2023 à la fois d’un effet volume et d’un effet prix favorables avec des ratios de solvabilité historiquement élevés et enfin sur le secteur des services à la collectivité, plus défensif.

1L’indice PMI, pour “Purchasing Manager’s Index” (indice des directeurs des achats), est un indicateur permettant de connaître l’état économique d’un secteur.
2 Données arrêtées au 15 février 2023

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