Marchés Financiers

11/02/2022 : Le point sur les marchés financiers février 2022

Rédaction achevée le 10 février 2022

Zone Euro
L’hypothèse d’un conflit armé en Ukraine persiste face aux activités militaires de la Russie aux frontières du pays. Dans un contexte de surchauffe des prix de l’énergie, ces craintes ne font qu’amplifier les tensions inflationnistes déjà présentes : ainsi, depuis le début de l’année, le cours du pétrole a augmenté de 15% et le gaz naturel de plus de 25%.
Néanmoins, de premiers signaux rassurants apparaissent face à la multiplication des échanges diplomatiques entre les dirigeants américains et européens avec Kiev et Moscou. L’inflation globale poursuit sa trajectoire en hausse atteignant 5% en glissement annuel en décembre, avec une inflation sous-jacente à 2,6 %.  
La propagation du variant Omicron et l’instauration des mesures sanitaires qui s’en est suivie a entrainé un ralentissement de l’activité économique en décembre et janvier. La croissance a nettement ralenti, affichant seulement +0,3% sur le dernier trimestre 2021. Ce chiffre est en partie dû à une contraction de l’activité de -0,7 % en Allemagne et d’une décélération en France, en Italie et en Espagne.
Du côté politique, Sergio Mattarella a été réélu président pour 7 ans en Italie et son premier ministre Mario Draghi reste à la tête du gouvernement.

Etats-Unis
La croissance du PIB au quatrième trimestre 2021 est restée solide en hausse de 6,9% en rythme annualisé. Cependant, des signes de ralentissement de l’activité et de la mobilité en fin d’année sont apparus, probablement en raison de la propagation du variant Omicron. L’indice PMI (Purchasing Managers Index : enquêtes auprès des directeurs d’achats, très suivie par les investisseurs) de janvier est en baisse en particulier dans le secteur des services. La production industrielle a légèrement diminué. Les ventes au détails ont chuté de 1.9% en décembre. L'inflation est à des niveaux sans précèdent, et continue d’être supérieure aux attentes. Les derniers chiffres publiés affichent une augmentation à 7,5% en glissement annuel en janvier, l’inflation sous-jacente progressant pour sa part à 6%, au-delà du consensus. Le marché du travail reste tendu enregistrant de fortes créations d’emplois avec un taux de chômage en baisse à 3,9 % en janvier. 

Chine
Au quatrième trimestre, la croissance du PIB est affichée à 4% en Chine, un chiffre supérieur aux attentes. Néanmoins l’impact du variant Omicron et les restrictions sanitaires qui lui sont liées demeurent au cœur de la trajectoire de la croissance en 2022. Les ventes de détail ont fortement décéléré, en hausse de seulement 1.7% en décembre. Enfin, l’inflation a ralenti à 1.5% sur le dernier mois de l’année 2021.

 
Politique monétaire des banques centrales
Les Banques Centrales des pays développés ont clairement pris la mesure du risque inflationniste en ce début d’année. Ainsi la Banque d’Angleterre a adopté un discours plus volontaire vers un resserrement monétaire, avec un relèvement des taux directeurs, de 25 points de base, mais il s’en est fallu de peu pour que la majorité de ses membres vote en faveur d’une hausse de 0.50%, confirmant ainsi que d’autres hausses vont suivre rapidement. La BCE n’a pas acté de changement, mais son discours a sensiblement évolué, n’excluant plus un premier relèvement de ses taux compte tenu des données d’inflation qui accélèrent encore, dans un contexte où le marché du travail est en bonne santé. La réévaluation de sa trajectoire de politique monétaire aura probablement lieu lors du comité de mars au cours duquel la BCE livrera ses nouvelles prévisions d’inflation.
La Réserve Fédérale américaine quant à elle a réussi à surprendre les marchés par un discours plus ferme, confirmant sa volonté d’agir rapidement et fortement, en raison de la vigueur du marché de l’emploi et de l’inflation, sans inquiétude particulière sur la croissance.
A l’inverse, la Chine affiche une politique monétaire désynchronisée, actant des baisses de taux pour soutenir une économie dont les moteurs de croissance sont en forte décélération.

Marchés obligataires
Cette volonté clairement affichée des Banques Centrales des pays développés de lutter contre la progression de l’inflation les conduit à diminuer, voire interrompre leurs programmes d’achats d’obligations. Ce moindre soutien, cumulé aux anticipations de relèvements des taux directeurs a provoqué une accélération marquée à la hausse des rendements obligataires souverains. Suite aux annonces récentes des Banques Centrales, ce sont finalement les rendements en zone euro qui ont le plus réagi. En effet, le changement du discours de la BCE a manifestement surpris les investisseurs. Les anticipations de taux courts ont fortement progressé le 3 février, prolongeant la tendance haussière des jours précédents qui faisait suite aux publications largement supérieures aux attentes des estimations d’inflation de janvier en zone euro.
Ainsi en Allemagne, sur la seule journée du 3 février (réunion de la BCE) le rendement à 2 ans a progressé de 13 points de base à -0.38% et le Bund à 10 ans s’est inscrit en hausse de 9 points de base à +0.14%, marquant ainsi un retour en territoire positif, ce que l’on avait plus vu depuis presque 3 ans.
Les titres souverains italiens n’ont pas bénéficié de la réduction des incertitudes politiques suite à la réélection de Mattarella à la présidence de la République. En effet, l’écart des rendements italiens et allemands à 10 ans s’est considérablement élargi, évoluant de +1.35%  au 1er janvier à +1.60% au 07 février. De surcroît, les tensions entre Moscou et l’Ukraine alimentent la volatilité actuelle des marchés obligataires.
Les rendements obligataires américains n’ont pas été épargnés par la tendance actuelle et enregistrent également une forte progression. Le T notes à 10 ans a ainsi frôlé le seuil de 2% début février. 
Les spreads de crédit (supplément de rendement offert par les obligations d’émetteurs privés par rapport aux obligations d’Etat) se sont fortement réajustés à la hausse depuis le début de l’année et la dette des émetteurs privés de bonne qualité (Investment Grade) enregistre une performance négative très proche de celle des Etats de la zone euro. Un tel contexte nous conduit à maintenir une sensibilité au taux d’intérêt inférieure à celle des indices de référence.
Nous privilégions toujours les obligations souveraines des pays périphériques ainsi que la dette subordonnée et avons renforcé notre position à la hausse des rendements obligataires américains.

 
Marchés actions
Après des performances records en 2021, les marchés actions ont corrigé en janvier avec de fortes rotations de style et une dispersion sectorielle en lien avec le thème inflationniste. Le changement de tonalité des banques centrales a entrainé des phases de réajustement sur les actions, et notamment aux Etats-Unis où la FED s’oriente vers un cycle de resserrement monétaire plus court que par le passé.
Au sein des pays développés, les actions américaines affichent la plus forte baisse et particulièrement sur les valeurs technologiques, où le Nasdaq (plus corrélé aux taux) a baissé de près de 10% au cours du mois de janvier.
Les indices européens sont en baisse, mais dans une moindre ampleur avec une composition sectorielle plus résiliente compte tenu du poids plus important de valeurs du secteur financier et du secteur de l’énergie, qui ont connu des performances positives.
La dispersion sectorielle a été forte et reflète la corrélation avec les taux, les bancaires affichent par exemple une hausse à deux chiffres alors que le secteur de la technologie sous-performe largement. 
Néanmoins, les publications du 4ème trimestre sont pour la plupart au-dessus des attentes et toujours en forte croissance comparées au trimestre précèdent.

Du coté des Emergents, la séquence est bien différente dans la mesure où les hausses de taux étaient déjà d’actualité en 2021, en premier lieu du côté de la Chine qui avait déjà adopté une politique monétaire plus restrictive. Cette divergence de cycle monétaire se reflète sur la performance des indices émergents, qui affichent une baisse plus contenue.

Dans ce contexte d’inflation élevée, la croissance mondiale reste soutenue et au-dessus du potentiel dans les pays développés. Nous restons donc investis sur les marchés d’actions tout en privilégiant les zones et les secteurs qui devraient mieux résister dans ce contexte. Nous avons recentré notre allocation sur l’Europe, où la valorisation des grandes capitalisations nous semble plus attractive et la composition sectorielle plus adaptée à la hausse des taux.

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